Retour inhattendu aux sources...

Dans ce lieu à la macabre ambiance, pas un seul être vivant ne venait troubler l’étrange immobilité, pas un seul bruit ne venant entraver celui du vent. Le ciel sombre de nuage et de ténèbres donnait aux landes déchiquetées, un aspect cauchemardesque.
A la simple vue de se paysage, il était qu’un être doué de sens y vive ou pire le recherche.
Cependant, ombre parmi les ombres, une aux yeux morts dragonne arrivait…
Le spectacle inquiétant du lieu ne la perturbait pas, elle ne voyait rien. Pourtant la fielonne volait à travers les pics comme si elle pouvait les apercevoir de ses yeux à jamais inutiles.
Non … Seikya Shinigami était irrémédiablement aveugle, elle volait la tête ailleurs, confiante, elle connaissait le lieu par cœur…
Chaque pierre chaque pic était inscrit dans à mémoire d’une encre impérissable.
Quand enfin elle se posa dans sa grâce et sa beauté habituelle, se fut sur les marches de son temple.
Avançant dans l’édifice sans aucune hésitation elle se rendit dans la pièce centrale. Marchant lentement jusqu’au milieu de la vaste pièce, la dragonne s’asseya devant ce qui était la tombe de Tempos.
L’image de celle-ci dansait dans l’obscurité de son esprit, solidement ancré dans sa mémoire.

"-Bien le bonjour ô Tempos, maître du Chaos et de la Destruction… Je parierai ma vue que tu ne t’attendais pas à me revoir, si ? …"

La dragonne partie dans un rire claire. Visiblement elle trouvait ça amusant et se fichait éperdument de ce que pouvait penser le dieu sceller…

*Et bien moi je n’aurais jamais cru revenir un jour…*

S’allongeant dans un coin de la pièce la dragonne ferma ses yeux blancs.
Aussi horrible qu’il soit, rien ne vaut son chez soi….

Les terres mornes d'Osverk s'étalaient sous le regard incandescent du dragon infernal, qui se délectait de l'air (presque) frais du monde de la surface. Bien qu'il faisait plutôt frisquet, Fafnir goûtait avec grand plaisir cette fraicheur relative, bien loin de la fournaise des terres du dessous. Dans cette terre couleur de cendre émergeaient en de multiples endroits quelques ossements, qui étaient autant de témoins de la terrible bataille qui s'y était déroulé autrefois. A cette pensée, le chef incontesté des forces du dessous en avait un frisson d'excitation.
Mais sa visite parmi ses terres maudites étaient bien loin de ses souvenirs obscurs : il avait une certaine tâche à faire auquelle il ne pouvait échapper, et qui était naturellement attendu vis à vis d'un leader aussi charismatique que lui : rendre hommage à leur père à tous, le dragon des sept douleurs, l'incarnation du chaos et de la destruction : Tempos.
Le dragon infernal amorça sa descente, ce qui ne manqua pas d'attirer quelques morts vivants avides de chair fraîche et frémissante ; mais voyant quel était leur visiteur, la plupart des dracoliches firent demi-tour en laissant entendre des grognements déçus. Certains d'entre eux restaient là, fixant le maître du dessous de leur regard mort et inexpressif. Fafnir ne leur fit qu'un bref regard hautain : les relations entre dracoliches et fiélons étaient devenues assez tendus depuis sa montée au pouvoir, et Fafnir n'en avait royalement rien à faire : il ne supportait pas la "mise sous tutelle" des fiélons par ces vieilles carcasses décatties, et avait tenu dès ses débuts à rendre les fiélons indépendants des dracoliches, qu'il considérait comme indignes d'être la tête de cette grande armée du mal...

*Décidément, ces vieilles peaux sont susceptibles...* ironisa Fafnir in petto, alor que ses pas lourds le menait vers la porte du temple qui contenait l'âme du grand Tempos...

La dragonne sommenolait devant la tombe du père, fondateur de sa race, quand elle s'éveilla en sursaut.
Etant aveugle depuis fort longtemps, elle avait apprit à écouter la terre, mais jusque-là elle n'avait pas prêté attention à ses paroles, présence d'une dracoliche ou localisation d'un des rare rongeur qui subsistait encore, éléments pour le moins sans intêret.
Mais cette fois ci la dragonne se concentra sur cette présence tant les vibration que lui envoyait le sol était forte, si forte même qu'un être normalement constitué aurait pu les ressentir.
La personne à l'origine de ces ondes sismique imposante n'était pas une de ces maigrichonnes dracoliches sans consistance... Alors qui ? Qui était-ce ?
Inquiete, la dragonne sentit les tremblement de la terre qui lui indiquait sans erreur possible que l'imposant personnage venait vers elle.
C'est alors que l'odeur de l'individu frappa ses délicats nazeaux... Et elle se pétrifia.
Une seule fois elle avait humé cette odeur et jamais elle ne l'avait oublié.

Fafnir, le Grand maître incontesté des terres inferieures venait de faire son apparition...

Les portes s'ouvrirent en un grincement long et grave, révélant la salle principale du temple aux yeux du grand seigneur fiélon. Ce dernier laissa échapper une fumerolle désapprobatrice en voyant le peu d'entretien de la piéce (les dracoliches ne semblaient pas connaître le sens du mot "propreté") : des toiles d'araignée trainaient dans tous les coins, la poussiére envahissait tout, sans parler de la crasse et de l'odeur tenace de décomposition qui avait le don de lui donner la nausée !

Malgré cela, la beauté de l'édifice était indéniable. Malgré le peu de lumière qui filtraient des fenêtres couvertes de crasse, on pouvait voir les imposantes statues des combattants de l'ancien temps, souvenirs d'un temps oublié de tous, qui veillaient jalousement sur la sépulture de leur géniteur de par et d'autre de la piéce, leur regard de pierre éternellement figé dans leur fierté de servir le dragon des sept calamités.

Le regard du seigneur fiélon s'attarda un instant sur deux statues disposées côte à côte, à une dizaine de mètres de la tombe elle même : deux fiers combattants fiélons, aux épines acérées, aux cornes prêtes à embrocher leur prochaine victime : leur regard semblait presque prendre réalité, les yeux de pierre brillant de la même fougue que de leur vivant. Fafnir reconnu aisément ces deux héros de son espéce : il s'agissait de Kardaran et de Malsvakren, les plus redoutables guerriers fiélons que le monde n'avait jamais porté. Ils vivaient au temps où Tempos, encore bel et bien vivant à cette époque, décida de s'emparer de l'ensemble du monde connu, en écrasant les autres races dans le sang. Kardaran et Malsvakren étaient ses deux seigneurs de guerre, et parmi les meilleurs de ceux-ci (avec Minasmor). On dit qu'ils tuèrent plus de dragons à eux deux que tout le reste de l'armée de Tempos reuni. Légendes ou pas, ces rumeurs sur leur puissance passée résume parfaitement le fait qu'ils étaient réellement puissants. Mais le fait d'arme qui les immortalisa pour de bon fut lors de la grande défaite, après la mort de Tempos. Son armée, déboussolée, fut chassé par les fils d'Arkelions durant des lunes. Les dracoliches disparurent de la circulation... en laissant les fiélons livrés à eux même, face aux Nemesis du défunt Arkelion. Malgré une resistance acharnée, ils n'avaient nul part où aller et étaient au bord de l'annihilation totale. Seul l'ouverture d'un vortex vers les entrailles de la planête leur permit de s'échapper. Kardaran et Malsvakren défendirent ce portail jusqu'au bout pour protéger les leur... jusqu'à en payer de leur vie.

Cette légende le rendit nostalgique ; depuis ce jour, les fiélons avaient perdu toute leur noblesse d'antan, subissant la déchéance la plus totale. Il espérait pouvoir redorer le blazon de sa race, oui, c'était son voeu le plus cher...

Une odeur contrastant avec la pourriture ambiante le fit sortir de sa rêverie. Une odeur qui lui faisait penser à son foyer, dans les profondeurs abyssales ou se terraient les siens... Quoiqu'un peu étonné de trouver un de ses congénéres ici, dans un sens ça le soulageait un peu, le regard vide et necrosé des dragons mort-vivants ne lui inspirant qu'un profond dégoût. Au moins aurait-il l'occasion de penser à autre chose...
Il s'approcha donc de la sépulture, le coeur battant : la puissance qui émergeait de la structure était telle qu'il avait l'impression qu'il pouvait la toucher.
La tombe du Mal incarné restait plutôt modeste cat formé juste d'un autel surmonté d'un Obelisque. Le plafond s'ouvrait à cet endroit, laissant le monolithe au contact de l'air. Des inscriptions y étaient gravées, racontant la montée en puissance du dragon à sept têtes, jusqu'à sa défaite. Des dessins y étaient inscrits, décrivant les scénes de carnage et de destruction. Le socle représentait le Dieu de la destruction, chacune de ses têtes se dirigeant vers un point précis ; Fafnir ignorait si cela avait une réelle importance, et de toute manière peu lui importait...

C'est alors qu'il la vit : légérement plus petite que lui, la peau écarlate et noire, la stature fine mais athlétique, c'était bien un de ses congénéres qui était elle aussi venu faire hommage à leur père à tous. Son regard semblait vide et ailleurs, comme si elle faisait mine de ne pas le voir... non... elle ne le voyait pas tout court... son attitude trahissait sa cécité, ainsi que son regard blanc et vide de toute expression. Il la sentait se faire toute petite, comme beaucoup de ses congénéres à son approche : le respect était une vertu chez son espéce. Fafnir n'était pas du genre à vouloir que tous se prosterne à son arrivée ; on pouvait même dire qu'il ne demandait pas grand chose... juste qu'on le respecte. Et cela lui convenait parfaitement... il faut avouer qu'il n'était pas doué dans les relations avec les autres, quand il ne s'agissait pas de parler à une assemblée ou d'éviscérer une de ces larves de Sanctaran...
Aussi se contenta-t-il de s'avancer face à l'autel de Tempos, de baisser la tête en signe de respect, et de faire une priére en l'honneur de son Dieu et père, si bas que même Seikya, pourtant juste à côté, peinait à l'entendre. Malgré tout, elle pouvait entendre ces quelques phrases :

Ô Tempos... dieu parmi les dieux
L'avatar de la destruction, le dragon des sept douleurs
Ecoute cet ode modeste de ton serviteur...
Nous qui te servons corps et âme
Nous qui tuons, pillons, purgeons en ton nom,
Nous faisons trembler tes ennemis de terreur
Que ta puissance nous anime,
Que ta hargne s'empare de notre être,
et que ton régne s'installe pour l'éternité...

Fafnir n'en fit pas plus. Cela lui semblait déjà trop. Pour les prière non plus, il n'était pas doué... mais pour lui, rendre hommage à Tempos était un devoir qu'il se devait d'acquitter...

La dragonne était extrèmement tendue face au grand seigneur des ténèbres.
Voulant cacher sa mal voyance elle fixa le lieu d'où provenait le bruit mais se retouva bien vite face au problème du: mince ou se trouve ses yeux?!
Le coeur de la fielonne s'accelera quand elle sentit les lourd pas du grand dragon se diriger vers elle.
Son soulagement fut immense quand elle réalisa que le grand Fafnir ne venait que pour rendre hommage à Tempos, le père de tous...
Se détendant peu à peu elle écouta avec son attention habituelle les paroles que le saigneur d'Arkelion adressait à son Dieu.
Reprenant peu à peu sa superbe la dragonne se rapprocha prudement de son superieur hiérarchique.
Elle ne savais pas ni quoi faire ni quoi dire.
S'immobilisant soudain, elle jugea préférable de laisser son frère de race s'exprimer en premier.
S'asseyant devant lui, Seikya inclina la tête sur le côté, tique quelle avait qand elle réflechissait, et attendi avec son calme et sa patience naturelle la réaction du seigneur du mal...

Après quelques minutes de recueillement, le monarque du dessous releva la tête, scrutant la portion de ciel ouvert que l'on pouvait voir au-dessus de l'obelisque. De gros nuages s'amoncelaient à l'horizon, d'une couleur sombre ponctuée de mauve, couleur particulièrement inhabituelle pour des nuages, mais prouvant sans équivoque l'influence du dragon à sept têtes sur ces lieux que les autres familles de dragons qualifiaient de "terres maudites".

Un mouvement de sa congénére lui détourna son attention. Celle-ci s'était ostensiblement assise devant lui, de façon à ce qu'il ne la rate pas. Pourtant, nulle arrogance ne transparaissait dans son attitude ; ce n'était pas non plus l'attitude aguicheuse que prenaient certaines dragonnes désireuses d'avoir un partenaire puissant en sa présence, comme l'avait fait, il s'en souvenait encore parfaitement, une certaine fille de Kaleus qui s'était ralliés à leur cause...

Non, décidément, celle qui se tenait devant lui était différente des dragonnes qui lui était donné de voir. Celle-ci semblait attendre quelque chose... qu'il ouvre la conversation peut-être ? Ce serait peut-être une idée...

- Rares sont les dragons à venir se recueillir en ces lieux pourtant si emblématiques dans notre histoire... je suis étonné de voir que l'un de mes congénéres s'est donné la peine de se déplacer jusque là, en dépit des risques que cela inclut... redresse-toi, jeune femelle... porte la tête haute, soit fière devant ton seigneur !

Ses propos s'achevèrent sur un ton impérieux qui eurent l'effet escompté : la dragonne du dessous se raidit instantanément et s'executa. Les flammes du seigneur du dessous augmentèrent légérement en intensité, éclairant davantage la piéce, laissant au fils de Tempos tout loisir pour fouiller Seikya du regard plus précisément : ses cornes grisatres brillait faiblement dans cette semi-obscurité. Ses yeux laiteux semblaient s'être perdu dans les profondeurs insondables de l'infini. Ses écailles formaient de jolies motifs écarlates, qui évoquait chez Fafnir le sang qu'il faisait couler à chaque fois qu'il en avait l'occasion, notamment quand un fou venait à le défier, comme cette mystérieuse dragonne au plumage si blanc que ça en donnait mal aux yeux...
Une fois qu'il eut terminé de passer en revue sa congénére, le dragon reprit :

- Puis-je savoir ton nom, jeune femelle ?

Seikya était anxieuse, si bien qu’au moment où le grand dragon prit la parole, faisant raisonner sa magistrale voix qui se répercuta sur mur sombre à la manière d’un roulement de tambours sourds, elle faillit sursauter.

"- Rares sont les dragons à venir se recueillir en ces lieux pourtant si emblématiques dans notre histoire... je suis étonné de voir que l'un de mes congénères s'est donné la peine de se déplacer jusque là, en dépit des risques que cela inclut... redresse-toi, jeune femelle... porte la tête haute, soit fière devant ton seigneur !"

La dragonne d’ombre et de flamme c’était raidit au son de cette injonction, ce redressant et replacent correctement sa gracieuse tête sur son axe vertical.
Peut de dragons s’attiraient son respect mais le grand seigneur des enfers faisait partit de ces privilégiés…
La dragonne aux sens surdéveloppés percevait la phénoménale puissance du fielon, fils de Tempos.
La belle fielonne, en admiration devant la superbe aura de son frère de race, restait pourtant inexpressive…
Elle hésitait.
Elle avait une envie irrésistible de s’allier avec ce titanesque reptile mais l’idée de la possibilité d’être transformée en machine de guère sans pensée, ni passé, ni futur, simple pion sur un échiquier sanglant ne l’enchantait pas plus que ça.
Elle avait souvent entendu parler de cette Minasmor, c’est être immonde et putréfier qui grossissait ses rangs en pervertissant, contrôlant et même en tuant ses futurs soldat.
Pour elle il était hors de question d’obéir à quelqu’un aveuglément, c’était bien le cas de le dire…
De Fafnir, elle ne connaissait pas grand chose hormis la gigantesque force dont il était le détenteur.
Elle ignorait tout de la personnalité du leader de l'armée vivante de Tempos, et cela éveillait un peu plus sa curiosité.
Seikya se décida enfin. Elle voulait connaître celui qui avait acquérit son respect par la seule force de son imposante présence.

"- Puis-je savoir ton nom, jeune femelle ?"

Un sentiment ressemblant à de la joie mêlée de fièreté naquit dans le cœur de la dragonne aux écailles pourpres voilé d’arabesque ténébreuse.
Fafnir, un des dragons les plus puissants sur terre venait de lui demander son nom !
La dragonne ne laissa pourtant rien paraître.
Aucune émotion ne transparaissait de son visage de marbre.
La fielonne se calma. Arquant légèrement la tête formant une élégante courbe de son cou fin mais musclé elle répondit à la question du maître infernal d’une voie douce qui résonna mystérieusement dans la pièce silencieuse…

"- Je me nomme Seikya… Seikya Shinigami. Très honorée de faire enfin votre connaissance Fafnir, fils de Tempos, chef de tout les fielons…"

La dragonne n’avait pas cherché à complimenter le fielon dans le seul but de s’attirer ses faveurs.
A vrai dire, l’idée n’avait même pas frôler l’esprit de Seikya.
Les phrases de la dragonne, bien que parfois ironique, respiraient presque toujours la sincérité.
A présent elle attendait que le grand dragon réagisse.
Elle avait tout son temps. Attendre n’était plus un problème pour elle depuis… Longtemps…

- Je me nomme Seikya… Seikya Shinigami. Très honorée de faire enfin votre connaissance Fafnir, fils de Tempos, chef de tout les fielons…

Seikya Shinigami... ce nom lui était vaguement familier... où avait-il où l'occasion de voir ce nom...? Le maître fiélon ne s'en souvenait plus... peut-être l'a-t-il entendu dans l'écho d'une conversation ? A moins qu'il ne l'ait lu dans les archives de la forteresse...?

- "Fafnir" suffira amplement, Seikya. Je hais ces protocoles royalistes et je ne les emploie qu'en présence des aînés ou quand j'y suis obligé. Je ne t'ai jamais vu parmi nos frères et soeurs... pourtant ton nom m'est... familier...

Le seigneur du dessous commençait à faire les cents pas, comme un fauve en cage. Les dragons ne révélaient généralement pas leur véritable nom... parfois ils l'oublient même. Cela voulait donc dire que, soit Seikya avait entiérement confiance au sombre monarque, ce qu'il excluait tout de suite : elle avait l'air bien trop indépendante pour cela. Ou alors, c'est que son nom etait très connu...
Fafnir s'était arrêté en face de la statue de Malsvakren. Il se tourna à nouveau vers Seikya, son regard rétréci à une paire de fentes.

- Ah si... ça me revient... le clan Shinigami... une famille de fiélons et d'assassins vivant en reclus... tu viens de là je suppose ?

Le grand fielon n’avait pas eu l’air d’apprécier la façon dont Seikya c’était adressé à lui.
Ceci était sans importance.
La dragonne imprima dans sa mémoire ce petit élément banal tandis que la profonde voix du maître draconique se répercutait sur les hauts murs du temple comme une âme en peine de plus en plus lointaine.
Il disait ne pas l’avoir vue récemment parmi ses confrères ?
Normal puisque c’était la première fois depuis soixante ans quelle revenait dans ses terres natales.
Le silence allait s’installer de nouveau dans l’obscure salle de culte, quand Fafnir reprit la parole :

- Ah si... ça me revient... le clan Shinigami... une famille de fiélons et d'assassins vivant en reclus... tu viens de là je suppose ?

Cette fois Seikya se figea.
Son cerveau se mit à réfléchir incroyablement vite et finit par arriver à la conclusion que… Tout cela était vraiment amusant.

- Assassin ? Oui… D’où je viens ? … Je n’en sais absolument rien. Je me nomme Shinigami, Seikya Shinigami. Je suis une fielon qui a quitté ses terres natales suite à une altercation avec un des miens. Je suis passée maître dans l’art obscur du meurtre silencieux mais je suis devenue aveugle. Alors d’après toi je viendrais d’une famille d’assassins ? Je ne peux te répondre car de cela je n’est aucun souvenir, mais si ce que tu dis est vrai alors il faudra que j’essaye de les retrouver… Mais cela attendra bien encore un peu…

La dragonne inclina une nouvelle fois la tête sur le côté.
Elle avait rarement été d’aussi bonne humeur, surtout sans savoir pourquoi…

La réponse de sa congénére ne manqua pas de surprendre le monarque fiélon. Sa tête s'inclina dans le sens opposé de celui de Seikya,Cela ne pouvait pas être une coïncidence. Et pourtant, les dragons n'oubliaient jamais leur ascendance... enfin quand ils la connaissaient déjà à la base, c'est à dire quand ils n'ont pas été abandonné à la naissance. Fafnir n'en était pas choqué pour autant, lui même avait été livré à lui même et il ne s'en était jamais plaint. Mais le fiélon ne pouvait croire que Seikya ait été livrée à elle même sans que ses parents ne lui aient appris l'art de l'assassinat.

-J'en déduis à tes propos que tu es amnésique ? Voilà qui est regrettable... j'ignore s'il reste d'autres représentants du clan Shinigami dans les terres inférieures. Je suppose qu'ils se cachent pour éviter un éventuel courroux de ma part... ou pour éviter de me devoir un quelconque service...

Le dragon aux écailles sombres ponctuées de flammes s'étira longuement, étirant ses ailes d'une envergure appréciable.

-Pfff, qu'à cela ne tienne : je n'ai nul besoin d'assassin. Je préfére écraser mes ennemis... en personne. Il n'y aucun interêt pour moi de recourir à de telles méthodes... la guerre traditionnelle me correspond mieux...

Le fier seigneur fit quelques pas vers l'entrée, levant les yeux sur un coin de ciel desespérement nuageux.

- Je sens l'appel de la bataille raisonner dans tout mon être. Les choses commencent à changer. Cela fait à peine six mille ans que notre père à tous est tombé, et déjà il appelle ses enfants pour poser sa maléfique empreinte sur ce monde qu'il veut sien. La guerre n'est elle pas une chose merveilleuse ?

Le ton dédaigneux que le grand fielon avait prit pour désigner le grand et noble art du meurtre silencieux avait glissé sur elle comme une goutte d'eau sur les plumes d'un cygne.
La dragonne qui n'avait pas été choqué par la remarque sentit soudainement la haine serrer son cœur quand le colossal dragon fit de même avec sa famille. Jamais elle ne c'était interrogée sur ce qui formaient sont clan, mais sans savoir vraiment pourquoi elle ne supportait pas que l'on s'attaque à eux.
La dragonne siffla.
Il insultait son art, il insultait sa famille, seigneur ou pas l'attitude du grand dragon commençait à lui déplaire fortement. Réfléchissant à ses paroles, un changement attira son attention. Une série de vibration lui confirma se quelle pensait, le seigneur des ombres ardentes se préparait à partir.

"- Je sens l'appel de la bataille raisonner dans tout mon être. Les choses commencent à changer. Cela fait à peine six mille ans que notre père à tous est tombé, et déjà il appelle ses enfants pour poser sa maléfique empreinte sur ce monde qu'il veut sien. La guerre n'est elle pas une chose merveilleuse ?"

La dragonne se figea. Ces paroles résonnaient en elle. Les mots jaillir, pur, sincèrement.

"-Ténébreux, dans le silence et la grâce, en harmonie avec la nuit, discret et soudain, ainsi peut-être résumé l’art délicat qui est le mien. Il n’est en aucun cas comparable aux furies de la bataille mais le sang est le sang et bien que certains combats soient plus attractifs que d’autres rien n’est plus enivrant que la guerre..."

Se relevant la dragonne s’avança vers Fafnir…

La dragonne ne semblait guère d’accord avec les avis de Fafnir concernant l’art de tuer les gens. Elle laissa échapper un sifflement désapprobateur qu’elle ne cherchait point à cacher, au risque de choquer les fines oreilles du seigneur de guerre. Enfin, choquer n’est pas le terme exact : surpris serait un qualificatif plus approprié. Généralement, la plupart de ses « sujets » préfère ne pas discuter ses avis. Seul son second se permet de critiquer un tant soit peu ses approches militaires, mais étant le meilleur stratège qui soit dans tout le royaume du dessous, Fafnir l’écoutait toujours d’une oreille attentive.

-Ténébreux, dans le silence et la grâce, en harmonie avec la nuit, discret et soudain, ainsi peut être résumé l’art délicat qui est le mien. Il n’est en aucun cas comparable aux furies de la bataille mais le sang est le sang et bien que certains combats soient plus attractifs que d’autres rien n’est plus enivrant que la guerre...

Le seigneur filon se mit alors à rire. Il ne savait pas lui-même pourquoi il riait exactement, juste une constatation aussi simple que directe : elle l’amusait. Vraiment. Cette franchise et cette volonté d’indépendance était bien loin de lui déplaire.

- Fuhuhuhuhuh… Et bien, voilà une bien fière dragonne ! Belgüteï en aurait tué pour moins que ça ! Tu me plais toi ! Ahahaha !

Le dragon infernal sortit du temple du dragon à sept têtes, suivit de près par Seikya. La Conversation avait pris une tournure bien plus intéressante que prévu. Quelle force de caractère !

- Mais dis moi… tu fais don de tes services au plus offrant, ou bien c’est juste un hobby que tu pratiques à l’occasion ? Les clients doivent être rares pour l’instant… mais par les temps qui courrent, qui sait, tu risques fort d’avoir de quoi faire...

La dragonne pourpre et ombre avait soudainement entendue rire son interlocuteur et c'était ,pendant un court instant, demandée ce quelle avait bien pu dire ou faire qui aurait pu provoqué cette hilarité.

Soulagée de constater que c'est son caractère qui, selon le grand seigneur, était hors du commun, Seikya suivi alors Fafnir , sortant du temple en sa compagnie.
Le sujet de la conversation avait bien vite tour,er autour de ses spécialitées... Meurtrière.
Le puissant fielon semblait poser un oeil intéressé sur celle-ci.

- Mais dis moi… tu fais don de tes services au plus offrant, ou bien c’est juste un hobby que tu pratiques à l’occasion ? Les clients doivent être rares pour l’instant… mais par les temps qui courrent, qui sait, tu risques fort d’avoir de quoi faire...

La fielonne laissa sont sourire intérieur s'afficher sur son visage la plus part du temps inéxpressif.

-Eh bien, disont que les deux cas sont valable... J'offre mes services à celui qui le "mérite" le plus, mais j'execute rarement un ordre qui ne plait pas ou vas a l'encontre de ma façon de voire les choses...

La dragonne afficha un sourire entendu

-...Mais cela n'est pas souvent le cas."

La dragonne s'ébroua.

-Le meurtre silencieux est tellement divertissant... Il serait dommage d'en gâcher un par un vulgaire refus au service demandé, surtout par c'est temps ou l'aide des assassins est vivement négligée....

La dragonne avait la très agréable sensation que sa longue léthargie allait enfin prendre fin.
Son sang bouillonnait, elle allait peut-être reprendre du service...

Seikya parlait de l'art de l'assassinat comme Fafnir lui même parlait de l'art de la guerre. Cette constatation fit conclure au seigneur noir qu'ils avaient plus de points communs qu'il n'y paraissait à première vue. Après tout, pour tout fiélon qui se respectait, le combat était une seconde nature ; chacun est ensuite libre de choisir dans quel type de combat il excelle. Et Fafnir n'était pas le genre à dire que sa vision des choses était la meilleure : il était relativement ouvert et savait écouter les propos des autres pour peu qu'ils avaient des arguments pertinents.
Seikya savait de quoi elle parlait et sa mine réjouie indiquait clairement qu'elle aimait ce qu'elle faisait... mais à quel point ? La curiosité du maître du dessous le poussa à poser une autre question :

- Bien... alors maintenant, supposons l'espace d'un instant qu'un quelconque dragon, quelque soit sa race, mette ma tête à prix. Que ferais-tu, fière assassine fiélonne ?

Les yeux du dragon infernal devinrent deux fentes scintillantes tandis qu'ils plongeaient dans les yeux vides de sa consoeur, comme pour scruter les pensées qui se cachaient derrière le regard de l'aveugle. Qu'allait-elle donc répondre ?

Perdue dans ses explications la question du maître fielon ramena la dragonne à un point quelle affectionnait particulièrement...

"- Bien... alors maintenant, supposons l'espace d'un instant qu'un quelconque dragon, quelque soit sa race, mette ma tête à prix. Que ferais-tu, fière assassine fiélonne ?"

Seikya s'immobilisa.
Cette question, personne ne la lui avait jamais posée.
Personne ne s'y était jamais intéressé.
Cet interlocuteur était vraiment spécial... Il savait comme s'y prendre pour sonder ses semblables.
Un véritable souverain.
La fielonne réfléchit un court instant, analysant cette situation fictive... Pour le moment.

"- Eh bien... Quelque chose dans mon esprit me souffle que dans pareille situation, la meilleure chose à faire est de refuser, voire de s'enfuire. La logique pronant la sécurité, il est inutile de s'engager dans un combat perdu d'avance... La vie est unique, il vaut mieux la préserver et ne réaliser uniquement ce qui est à notre porté."

Le seigneur fielon parrut presque déçut par cette déclaration...
Mais la tueuse de l'ombre n'en avait pas terminée.

"Cependant je ne suis pas tout à fais d'accord avec cela."

Un large sourire plein de crocs proprement acérés se dessina sur le visage pourtant inexpressif de la dragonne.

"Quelle intéret à réaliser seulement ce dont on se sais être capable?
Aucun.
C'est pour cela que même si le combat semble n'avoir d'autre issu que ma propre mort, je m'y lancerais à corps perdu. Personne n'est invincible.
Mais si l'ennemi parais immortel, il a une faille. Au moins une faille. Et cela m'amuse. La trouver et une des chose que je préfère. Et le fait que je suis encore là à discuter avec vous prouve la véracité de mes paroles."

Le sourire disparu.

"Donc en réponse à votre question, oui. Si votre tête était mise à prix, j'essayerais. A moins que vous soyez dans ce cas là le plus offrant... Mais personne de nos temps ne penserait à moi pour une telle tâche... Heureusement pour moi."

La dragonne se tut.
La fuite? Le nombre des fois ou elle avait fuit pour ça vie ne se comptait même pas sur une patte.
Plutôt mourir que d'échouer.

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